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paradoxitude
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21 juin 2016

Une porte d'entrée

socrate

Débuter en philosophie, voilà qui n'est pas aisé et le découragement peut vite naître pour conduire au renoncement. Le problème, c'est le point d'entrée d'une discipline infinie marquée par des courants, des concepts et un vocabulaire que seul le temps et la lecture permettent d'acquérir. Ce qui rend donc essentiel le point d'entrée !

La technologie me l'a donné. A l'automne dernier, nous avons acheté une voiture, rien que de très banal mais avec ceci d'extraordinaire que l'autoradio possède un port USB ! Et me voilà à télécharger de la musique extraite des vidéos youtube. Cool.

L'idée de trouver des cours de philo vint tout naturellement quelques jour après.

Au pif, je tombais donc sur pharmakon.fr de Bernard Stiegler, je téléchargeais donc le premier cours pour l'écouter sur le trajet du boulot, lequel est rallongé par une déviation. Matins et soirs je me suis mis à écouter les cours. J'ai tout téléchargé tellement cela m'a plu, j'ai tout écouté et je télécharge encore pour approfondir.

Le hasard m'a émerveillé. Le point d'entrée parfait ! Une conversion du regard ! 80 heures d'initiation.

C'est d'abord accessible et enchanteur, on côtoie Socrate et Platon dans la Grèce tourmentée du Vème. Les concepts apparaissent petit à petit. On vit la bascule d'un monde tragique, celui des présocratiques Héraclite, Parménide, Hésiode. Un univers en prise avec les mythes agraires d'Eleusis et de Perséphone et technique avec le mythe d'Epiméthé vers un monde ou la vérité (aléthéia, sortie du latent) dérive vers l'exactitude (véritas). On voit Socrate dessiné son carré dans le Ménon pour faire appel à l'anamnésis, on lit l'inquiétante république de Platon et on découvre le caractère pharmacologique de l'écriture dans Phèdre.

La pensée devient la noétique, sur les pas d'Aristote, tel le poisson volant (en illustration sur le site de pharmakon), je m'extrais de mon milieu pendant mes trajets pendulaires pour mieux le voir sans pour autant éviter d'y replonger bien sur.

La progression est lente, M Stiegler se répète pour mieux reformuler pour fabriquer des rétentions primaires, secondaires, puis secondaires collectives, nous apprenons le pouvoir des rétentions tertiaires. Via Gilbert Simondon, nous apprenons que c'est ce qui participe de l'individuation voir de la trans-individuation.

Plus tard, au bout de 3ème ou 4ème année de séances de cours gratuits en ligne, le discours se fait plus actuel, les connaissances sur la philosophie de la technique trouvent un nouvel écho à l'heure des big data, du consumérisme et de l'automatisation des tâches.

Un des problèmes du monde est la perte de désir. L'instrumentalisation de nos pulsions par le neuro-marketting du double neveu de S Freud (Edward Bernays), ruine notre économie libidinal, empêche la sublimation et nous empêche de rêver. L'inquiétude est grande pour la génération des enfants accrocher aux écrans depuis leur naissance ( problème de l'attention et de structuration de la plastique du cerveau)...

Kant, Husserl, Heidegger, Nieztche, Paul Valéry et Derrida apparaissent à l’appui du discours du locuteur. La situation, l'anthropocène est décrite sans fard, l'entropie (concept issu de la thermodynamique !) nous fait aller à la catastrophe sauf à produire de la négantropie avec nos nouvelles technologies comme par exemple le développement d'économies contributives.

 

C'est un beau voyage que j'ai complété par des lectures (pas au volant, rassurez-vous), je suis moins perdu en ce beau pays de philosophie. Si l'avenir ne s'est pas éclairci, j'ai les idées plus claires sur certaines réalités et mes actes en seront fonction.

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Commentaires
N
Toi tu sais mettre à profit les problèmes de circulation ! ;)
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